Le Transsibérien, c’est le voyage dont j’ai toujours rêvé : des milliers de kilomètres en train, traversant des étendues infinies, des forêts de bouleau et des isbas en bois, toujours plus loin vers l’orient…
Un vrai fantasme, une source inépuisable de rêveries… Jusqu’au jour où ma fille m’a ramenée sur terre : « Ca suffit maman, arrête d’en parler, maintenant il faut le faire ! Qu’est-ce qui t’en empêche ? ». J’ai pensé très fort « Vous, mes chéris ! », mais c’était oublier une équipe de super grands-parents prête à intervenir. Les enfants entre de bonnes mains, un anniversaire en dizaine qui approche, quelques économies de côté : assez tergiversé, toutes les conditions sont réunies pour se lancer dans l’aventure du Transsibérien ! Me voilà donc à un mois du départ, et il est temps que je partage avec vous les premières étapes de ce grand voyage. Pour résumer, en trois mots : organisation, organisation, organisation !
Quand le projet a pris forme, je ne me rendais pas bien compte de ce qui m’attendait. Avec évidemment, deux contraintes, banales : le temps (limité), et l’argent (limité aussi). Pour que ça fonctionne, nous décidons de tout organiser nous-même : exit les agences (je vous expliquerai pourquoi et comment on peut se débrouiller tout seul). Alors on retrousse ses manches, on déplie la carte, et là, un peu ébahis, on se rend compte que l’immensité du parcours est proportionnelle au nombre de décisions à prendre et de choses à organiser…
Alors, par quoi on commence ?
Le Transsibérien n’est pas un train : choisir un itinéraire (J-4 mois)
En préambule, quelques mots sur la question : à quelle saison partir ? Question vite réglée : ce voyage ne pouvait se faire qu’en été. D’abord parce que se libérer un mois en hiver est quasiment impossible, et ensuite parce que des températures jusqu’à -50°C demandent un équipement onéreux et une capacité à affronter les froids extrêmes dont je doute un peu. Tant pis pour la carte postale, le blanc manteau neigeux et le patinage sur le lac Baïkal !
La première véritable décision à prendre pour ce voyage a donc été de définir le point de départ et le point d’arrivée. Parce qu’il faut savoir que le Transsibérien n’est pas un train. Aucun train ne s’appelle « le transsibérien » : c’est une ligne de chemin de fer, qui va de Moscou à Vladivostok. Ce parcours classique est celui auquel on se réfère quand on parle de prendre le Transsibérien. Mais on peut aussi, à un certain point du parcours, bifurquer et rejoindre la Chine, par la ligne du Transmandchourien, ou par celle du Transmongolien, qui comme son nom l’indique traverse la Mongolie.
Ce serait quand même dommage de ne pas aller jeter un coup d’oeil, alors qu’on est « si près » : le choix se porte donc sur le Transmongolien, Moscou-Pékin en traversant la Mongolie ! (ligne rouge puis rose sur la carte)
©transsiberian.co
Et faire une énoooorme boulette !
Moscou-Pékin : en mars, notre point de départ et d’arrivée est donc défini. On attaque la recherche de billets d’avion, sachant qu’acheter deux allers simples, puisque nous nous ne repartons pas de Moscou, augmente considérablement le prix des billets. Pour l’aller, vers Moscou, ce n’est pas le pire. Un peu au hasard, nous choisissons, autour de mi-juillet, un vol le 14 juillet. Oups ! J’ai réussi à oublier que c’était le jour de la finale de la Coupe du Monde de football… à Moscou ! Une énorme boulette qui m’a valu les pires difficultés à trouver un hébergement : il ne reste que des horreurs, loin du centre, hors de prix. Ca commence bien !
Après pas mal d’heures perdues sur Booking et autres, on a finalement trouvé quelque chose de moyennement moche et cher. Revenons au billet de retour, le plus problématique : les vols au retour de Pékin sont inabordables… mais je m’aperçois que ce n’est pas le cas de ceux qui partent de Shanghai ! A nouveau frappée par le syndrome « c’est pas si loin » ( sévère altération de la capacité à se rendre compte des distances réelles, induite par Google Maps), changement de programme et de point d’arrivée : l’itinéraire final sera Moscou-Shanghai, soit 8942 kilomètres en train, en 26 jours. Voilà, le cadre est posé ! Et maintenant, au milieu, il se passe quoi ?
Quelles étapes sur le parcours du Transsibérien ? (J-3 mois)
Puisque le transsibérien n’est pas un train mais une ligne, on peut construire son itinéraire à son gré, et faire autant d’étapes que l’on souhaite en achetant un billet pour chaque tronçon du parcours. Deux difficultés : identifier ces fameux endroits où l’on veut s’arrêter dans trois pays différents, et articuler ces étapes avec les trains qui existent. La plupart de ces trains longue distance ne passent qu’une fois ou deux par semaine. Et nous n’avons « que » 26 jours ! Donc le passage des trains est un critère déterminant. Un outil vraiment utile m’a aidé : le « Transsiberian Journey Planner » du site Real Russia, qui permet de simuler un voyage et de connaître les trains disponibles.
L’autre critère, très prosaïque aussi, mais plus personnel, est : combien de temps je peux rester, en plein été, sans me doucher ? J’estime ma limite à 3 jours (au-delà, je ne réponds plus de l’odeur l’humeur). Tous ces éléments combinés, je me plonge dans le guide Lonely Planet Transsibérien, parcours les blogs, fais mille et une simulations pour arriver enfin à finaliser cet itinéraire (je vous épargne toutes les étapes de brouillon intermédiaires ) :
- MOSCOU (3 jours) => Train (2 jours et demi) => TOMSK (2 jours) => train avec changement à Novossibirsk (36 heures environ) => IRKUSTK (3 jours) et Lac Baïkal => train (1 journée) => OULAN UDE (2 jours) => train (1 journée ) => OULAN BATOR (5 jours) => train (36 h environ) => PEKIN (3 jours) => train (5 heures) => SHANGHAI (3 jours).
Soit un itinéraire sur 26 jours avec :
- 14 jours en Russie, 4/5 jours en Mongolie avec excursion dans les steppes, et 6 jours en Chine
- 10 jours/nuits de train et 16 nuits à l’hôtel
Evidemment, choisir c’est éliminer plein de possibilités, avec la peur d’être frustrée, de ne pas rester assez (ou trop) longtemps ici ou là… Et plus on cherche, plus on trouve d’endroits qu’on voudrait voir ! Mais ce côté Tour du Monde en 80 jours, en traversant huit fuseaux horaires au fil du voyage, ne manque pas de charme : isbas en bois et buildings futuristes, villages et mégapoles, taïga, steppes, lac, yourtes, cabines de trains, chambres d’hôtels, églises orthodoxes, temples bouddhistes… c’est déjà pas mal comme programme ! (consultez notre parcours détaillé pour toutes les infos précises)
Comment acheter ses billets pour le Transsibérien ? (J-2 mois)
Mon itinéraire est prêt : le moment est venu d’acheter les billets de train, un autre gros gros morceau de l’organisation. J’ai commencé par demander des devis à quatre agences réputées pour leur fiabilité : pour l’ensemble des billets de train jusqu’à Pékin, en 1e classe, le prix va de 970€ à 1260€. Entre temps, je vois sur internet plusieurs voyageurs qui préconisent soit d’acheter ses billets sur place (mais pour nous c’est trop risqué, 26 jours non flexibles, en haute saison, avec des enfants qui nous attendent à l’arrivée), ou de les acheter en ligne sur le site des chemins de fer russes.
Ni une ni deux, je me lance ( je vous raconterai en détail comment faire dans un prochain article). Et miracle, tout fonctionne, et j’ai économisé au moins 400€ par personne ! Une belle différence qui vaut vraiment le coup de se débrouiller tout seul…
Donc, à J- 1 mois, voilà à peu près où nous en sommes :
- 26 jours de voyage programmés,
- 3 pays et 8 fuseaux horaires à traverser,
- 7 billets de train dont 6 achetés,
- 10 réservations d’hôtel confirmées,
- 2 visas délivrés, le 3e à demander,
- et 2 vaccins injectés
J’ai essayé de répondre à la question : « Le Transsibérien, par où commencer ? », parce que ce n’est pas évident (et je n’ai d’ailleurs pas fini). Mon cheminement dans cette organisation (très imparfaite) a été de partir du plan large, et de zoomer petit à petit. Je ne suis pas encore rentrée dans les détails pour chaque étape, mais les bases essentielles sont là : itinéraire, billets, visas, vaccins, hôtels. Ensuite, je compte sur les longues heures de train pour me préparer au fil du voyage… Je devrais avoir le temps !
PS. Vous l’avez peut-être compris entre les lignes, c’est un voyage sans mes enfants. Pour des raisons personnelles, économiques et pratiques (il y a 4 couchettes dans un compartiment et nous sommes 5, désolée !), je pars seule avec mon mari. Mais évidemment, je reste une « maman voyageuse », donc je ne manquerai pas de vous donner impressions et conseils sur un possible voyage en Transsibérien avec les enfants !