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Voyager sans (trop) polluer ? Il est urgent d’essayer !

Ca ne fait pas plaisir, mais c’est indéniable : voyager est nocif pour l’environnement. Alors que d’un côté nous faisons (presque) tous des efforts au quotidien, de l’autre nous polluons en voyageant. Nous voilà donc en plein dilemme. Voyager sans polluer, c’est vraiment mission impossible ?

D’abord, une petite remarque à ceux qui pointent du doigt et fustigent les « écolo-voyageurs » : voyager coûte cher. C’est évidemment un luxe (tiens, je culpabilise déjà ?) mais qui demande quand même au plus grand nombre d’entre nous de faire des choix. Et comme je préfère voyager, je consomme donc très peu. Ma garde-robe est plutôt minable, je m’en fiche d’avoir un nouveau sac, je n’ai pas de smartphone, mon intérieur est plein de meubles récupérés, etc. Les cadeaux de Noël et d’anniversaire, pour nous comme pour les enfants, sont en général des cagnottes-voyage. Et peu consommer, c’est mieux pour la planète. Voilà, c’est dit. voyager sans polluer

Je ne vais donc pas arrêter de voyager, et j’imagine que vous non plus. Est-ce qu’on s’en lave les mains pour autant ? Est-ce qu’on continue en faisant semblant, comme si on n’était pas au courant ? Ou est-ce qu’on essaye, à notre échelle et avec nos contradictions, de faire le mieux possible ? Evidemment, je penche pour la dernière réponse. Et en cherchant un peu, j’ai trouvé plein d’informations intéressantes qui peuvent influencer nos choix de voyageurs. Voilà donc quelques pistes pour contribuer à faire mieux, ou en tout cas à ne pas faire le pire.

Prendre l’avion, oui mais…

Pour voyager sans polluer, il ne faudrait plus prendre l’avion. Avec 4,3 milliards de passagers annuels, le transport aérien est responsable de 2 à 3 % des émissions de CO2 mondiales et de 5% du réchauffement climatique. Ca ne semble pas si terrible, mais les chiffres pourraient doubler d’ici les 20 prochaines années : si voyager en avion c’est mauvais pour la planète aujourd’hui, ça pourrait être catastrophique demain.

Ne plus prendre l’avion, on en rêve parfois (et même souvent quand on déteste l’avion comme moi), mais on a rarement le temps de traverser l’Atlantique en bateau pour aller aux Etats-Unis ou de prendre le train jusqu’au Vietnam. Alors voici quelques conseils pour limiter les dégâts en prenant l’avion :

=> Eviter, autant que possible, les vols avec escales. Déjà, quand on voyage avec des enfants, c’est plus long, plus compliqué et plus fatigant. Et comme le pic de consommation de carburant des avions se situant au décollage et à l’atterrissage, en toute logique, plus on les multiplie, plus les émissions augmentent. Vous pouvez d’ailleurs calculer votre propre émission de carbone d’un voyage en avion, avec ou sans escale (mais aussi en train ou en voiture, pour comparer) sur le site Good Planet.

=> Savoir que certaines compagnies polluent plus que d’autres : les émissions de CO2 varient suivant l’âge de la flotte, le taux de remplissage de l’avion, etc. L’ONG allemande Atmosfair a établi un classement détaillé des compagnies aériennes, en termes d’émissions de C02 (chiffres 2018) : on y apprend par exemple que pour les longs courriers, KLM et Air Canada sont plutôt bien classées, tandis qu’Emirates ou Lufthansa sont en bas de liste. Des indicateurs qui peuvent être intéressants quand on prépare un voyage !

Côté low cost, EasyJet décroche le titre de compagnie aérienne la moins polluante, avec une prévision de réduction continue selon ce rapport. En revanche, très mauvaise note pour Ryan Air, qui fait partie des 10 plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en Europe en 2018 (avec une hausse de 7% en un an et presque 50% en 5 ans !). Elle devient la 10e entreprise la plus polluante en Europe, derrière neuf centrales à charbon.

=> Des bagages plus légers, c’est moins de carburant consommé : plus un avion est léger, moins il consomme de carburant. Et donc moins il émet de CO2. Ca n’a l’air de rien, mais selon Air France, un kilo en moins à bord de tous les avions d’Air France permet d’économiser 69 tonnes d’émissions de CO2 par an ! Un avantage de plus à voyager léger, sans valise en soute (qui en plus risque toujours d’être égarée), avec le minimum nécessaire. voyager sans polluer

Et puis (on ne sait jamais, si vous hésitiez !), choisissez la classe éco, presque 10 fois moins polluante que la 1e (autant de kérosène consommé mais moins de voyageurs transportés). Allez, la prochaine fois que vous aurez les genoux sous le menton pendant dix heures, vous pourrez au moins vous consoler en vous répétant que c’est mieux pour l’environnement !

Préférer le train pour voyager sans polluer ! 

Le train, bien moins polluant que l’avion, est le mode de transport à privilégier. Certaines destinations en Europe sont très facilement accessibles en train : Londres avec l’Eurostar, Bruxelles et Amsterdam avec le Thalys. En s’y prenant à l’avance, ou en bénéficiant des offres familles, on peut trouver des billets à prix concurrentiels avec l’avion. Autre avantage à prendre en compte : on gagne du temps et de l’argent en arrivant directement au coeur de la ville.

=> Plutôt que de combiner 2 vols avec escale : on n’y pense pas souvent, mais c’est une solution à envisager. Un petit exemple avec mon dernier voyage au Portugal. Depuis mon point de départ (Rome), il n’existe pas de vol direct pour Faro. En revanche, il y a plusieurs trains par jour qui partent de Lisbonne. Le transfert depuis l’aéroport est ultra simple : 3 stations de métro pour la gare d’Oriente. Et de là, 2h40 de train vers le sud, pour seulement 22€ ! Je ne pense pas que ça aurait été plus rapide en avion (il aurait fallu prévoir le temps d’escale nécessaire) et côté prix, c’est imbattable.

=> Pour se déplacer à l’intérieur du pays : si vous n’avez pas pu éviter de vous rendre à destination en avion, vous pouvez toujours choisir de vous déplacer en train à l’intérieur du pays. En Italie, au Portugal, en Inde, en Chine, en Russie, aux Etats-Unis… plein de pays ont des réseaux ferrés très pratiques et développés. On peut aujourd’hui acheter ses billets en ligne très simplement, il suffit de taper « chemin de fer {pays au choix} « , vous arrivez sur la compagnie nationale et le tour est joué (si c’est trop compliqué, comme en Chine par exemple, on peut se faire aider d’une agence locale qui déposera vos billets à l’hôtel moyennant un petit supplément).

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est souvent un gain de temps : en voyageant de « porte à porte », pas besoin d’aller à l’aéroport éloigné de la ville ni d’arriver avec plusieurs heures d’avance… C’est parfois aussi un gain d’argent, et puis c’est surtout une autre expérience du voyage.

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Voir le paysage changer, se réveiller ailleurs, croiser des familles, parler, observer… Le train de nuit Rome-Palerme (un des meilleurs souvenirs de trajet des enfants, car le train est embarqué sur un bateau pour franchir le détroit de Messine), les trains en Inde, en Chine, et évidemment le transsibérien en Russie… Autant de fabuleux souvenirs de voyage ! Honnêtement, de combien de voyages en avion peut-on dire la même chose ?

(J’en profite pour râler contre la suppression de tant de trains de nuit en Europe, alors que ce devrait être le moyen de transport le plus encouragé ! Il reste encore ceux-là, si vous avez envie de rêver et de traîner un peu… Grosse grogne aussi d’ailleurs contre la SNCF qui a supprimé l’ancienne formule des cartes Enfants+, si incitative pour voyager en train en famille !)

Déclarer la guerre au plastique voyager sans polluer

J’avoue que c’est devenu mon cheval de bataille. Et en voyage, on continue ce qu’on essaye d’appliquer au quotidien : « le plastique non merci », c’est vrai ici comme ailleurs (et en passant, merci à nos ados, en tout cas au mien, d’avoir tiré la sonnette d’alarme).

=> Partir avec un ou deux « tote bag » (sacs en tissu) glissés dans la valise. Ca ne prend pas de place, et c’est vraiment pratique : ça sert de grand sac à main fourre-tout, de sac de plage, de sac réutilisable pour faire les courses… Dans certains pays, refuser systématiquement les sacs en plastique suscite parfois des regards étonnés. C’est le moment de placer mon petit refrain : « no plastic, better for the planet ». Evidemment, ce n’est pas le début d’une révolution, mais peut-être que si le refrain revient 20 fois par jour…

=> Ne plus acheter de petites bouteilles d’eau : une petite révélation que j’ai eue à Venise, allez savoir pourquoi (peut-être le prix de la bouteille d’eau). Voilà mon calcul : une famille de 5, qui part 3 jours et consomme 3 petites bouteilles d’eau chacun par jour = 45 petites bouteilles d’eau pendant le séjour ! Et tout d’un coup, j’ai visualisé 45 petites bouteilles d’eau alignées… On continue : à 50 centimes, voire 1€ la bouteille, on dépense entre 25 et 45€. Et ça aussi c’est un peu dingue ! En passant à la gourde, on pollue moins et on économise le prix d’un Pass vaporetto pour 3 jours ! (d’autres astuces pour visiter Venise sans se ruiner à découvrir ici).

=> S’équiper d’une gourde : la solution aussi utile au quotidien qu’en voyage ! En Europe, aux USA, partout où l’eau est potable, c’est ultra simple de partir le matin avec une gourde remplie et de la remplir à nouveau au fil de la journée. Dans les pays où l’eau du robinet n’est pas potable, cela demande un équipement spécial. Il existe maintenant des gourdes avec un système de filtration anti-bactéries et virus très efficace, comme Water-to-go, l’une des plus recommandées (certes en plastique, mais à usage multiples).

Se préoccuper des déchets

Je n’oserai pas vous recommander de ne rien laisser derrière vous après un pique-nique ou une après-midi à la plage, parce que j’imagine bien que vous le faites déjà !

=> On peut aller un peu plus loin en faisant quelques petits « clean walk » : on se balade, seau de plage à la main, et on ramasse les bouts de plastique qui traînent, souvent rapportés par la mer. Pas franchement pénible, assez utile, et les enfants sont souvent partants pour participer !

=> et même repartir avec ses poubelles : c’est ce que j’ai fait l’été dernier au lac Baïkal, en Russie. Nous sommes restés trois jours dans un minuscule village perdu, un peu au bout du monde. Dans ce cadre idyllique, les poubelles sont déposées dans une petite décharge de plein air. Des sacs éventrés, du plastique s’envolait vers le lac au moindre coup de vent. Si c’est déjà compliqué avec 30 habitants, inutile que les touristes en rajoutent… J’ai donc essayé « d’effacer » notre passage, au moins en termes de déchets non dégradables, en repartant avec ma petite poubelle pour m’en débarrasser dans la ville suivante. Après tout, en tant qu’invitée, c’est la moindre des politesses !

La liste des petit gestes qu’on peut faire pour voyager sans trop polluer est bien sûre loin d’être close :

  • on peut ne pas salir toutes les serviettes à l’hôtel, voyager sans polluer
  • acheter sur place un savon plutôt que du gel douche dans un emballage plastique, comme ne pas utiliser les petits formats fournis par l’hôtel (on peut même être une vraie enquiquineuse en suggérant qu’ils soient remplacés par des distributeurs de savon liquide, comme j’ai vu au Japon),
  • éviter les activités aberrantes écologiquement, comme le golf dans les régions sèches,
  • en bord de mer, préférer une petite guesthouse plutôt qu’un hôtel avec 3 piscines,
  • ne pas pratiquer de sports motorisés comme le quad ou le jetski,
  • ne pas consommer de viande,
  • etc etc.

A propos, j’ai entendu dire qu’un seul vol transatlantique annule les bienfaits pour l’environnement d’une année d’alimentation végane. Certes, mais on peut aussi inverser la proposition : un an d’alimentation végane annule un vol transatlantique ! Et ça, finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle !

Est-ce que ça suffira à régler le problème du dérèglement climatique ? Sûrement pas. Pour autant, ne rien faire, ce serait comme dire à nos enfants : « Oh, ne débarrasse pas ton petit déjeuner, ça ne sert à rien de toute façon il faut faire le ménage dans toute la maison ! ».

Est-ce que c’est seulement une façon de se donner bonne conscience ? Peut-être un peu. Mais avoir conscience de nos (mauvaises) habitudes, c’est déjà un début.

Loin de moi l’idée de donner des leçons, ni de m’ériger en exemple. D’ailleurs, je vais continuer à voyager. Mais en étant plus vigilante, plus attentive à certaines choses. En essayant de faire mieux plutôt que de me flageller. Parce que j’en suis convaincue, et c’est difficile de dire le contraire : faire quelque chose, c’est toujours mieux que rien !

 

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Comments (4)

  1. « faire le mieux possible », c’est exactement ma philosophie et ce que j’essaye de faire comprendre à ceux qui préfèrent critiquer ceux qui font plutôt que de faire eux-même des petits pas.

    Ton article est vraiment très intéressant et amène à une réflexion poussée.
    Pour les points évoqués sur les avions, je n’avais jamais pensé à l’aspect de bien choisir la compagnie, impliquant des flottes plus ou moins vieilles donc polluantes. Personnellement, après avoir fait un grand voyage d’un an en Amérique du sud (je favorise les voyages longs et en slow travel pour, d’une certaine manière, limiter les vols et donc mon impact), j’ai décidé de diminuer plus radicalement les avions, voire ne plus en prendre du tout, et favoriser les transports doux et les voyages accessibles sans avion.

    Ah le plastique, un vrai fléau pour lequel je milite énormément. Comme tu le dis, en voyage, encore plus qu’à la maison, il est important de réduire au maximum ses déchets. Encore plus dans les pays n’ayant pas de système de recyclage et de gestion des déchets. Candie, avec qui je tiens un blog, a tourné un documentaire au Népal évoquant ce sujet justement. Un premier teaser est sortie pour l’instant, le reste est encore en cours de montage. Ça pourra sûrement t’intéresser. 😉

    Sur ton point « un seul vol transatlantique annule les bienfaits pour l’environnement d’une année d’alimentation végane… », je suis entièrement d’accord avec toi ! J’entend/je vois tellement souvent les gens essayer de faire culpabiliser de cette façon ceux qui essayent à leur échelle de faire de leur mieux. Ça m’agace tellement… Au final, cette personne vegan pendant 1 an et qui a pris un vol aura toujours un impact meilleur pour la planète que cette même personne non végan et qui prendra de tout manière son avion. Ce n’est pas encore l’idéal vu l’urgence climatique dans laquelle on est, certes, mais c’est déjà mieux que de ne rien faire du tout.

    Bref je pourrais continuer d’échanger sur ce sujet pendant des heures. ^^

    Merci pour cet article sur un sujet qu’il est très important d’aborder ! 🙂

    1. Merci à toi Enora pour ce partage de point de vue ! Et ça fait toujours plaisir de se sentir à l’unisson sur ce sujet, sur lequel moi aussi je m’enflamme 😉 Avec grand plaisir pour le lien vers le documentaire, tiens-moi au courant. A bientôt j’espère !

  2. La démarche de cette article mérite un peu plus d’aplomb il me semble :

    – L’intertitre ne sert pas le contenu de l’article, je m’attendais à une misérable tentative de greenwashing en lisant « Voyager sans polluer, c’est vraiment mission impossible ? » parce que la réponse c’est oui, c’est impossible.
    – Terrain très glissant de mettre en parallèle la pollution de la conso quotidienne VS celle du voyage. L’humanité a su se passer de voyages pendant la plus grande partie de son existence. Pas de se nourrir/loger/vêtir ect.
    – La plupart des verbes au conditionnel peuvent justement être conjugué à l’indicatif. « Pour voyager sans polluer, il ne faudrait plus prendre l’avion. » devient « Pour voyager sans polluer, il ne faut plus prendre l’avion. »

    En tout cas merci bien pour ces précieux conseils ! Bonne continuation !
    Jean

    1. Bonjour Jean, cet article s’adresse en effet à ceux qui, tout en étant conscients des impacts négatifs du voyage sur l’environnement, souhaitent réfléchir à leurs choix et essayer de ne pas faire les pires… Je serai très mal placée pour suggérer de ne plus voyager 😉 En ce qui concerne la consommation quotidienne, l’idée est d’adopter les mêmes comportements en voyage qu’à la maison, voire d’intensifier ses efforts pour ne pas « souiller » les beaux endroits que l’on a parfois la chance de visiter. Nous n’en sommes sans doute qu’au début de cette prise de conscience, mais le fait qu’elle s’étende me semble quand même positif. Bonne continuation à vous également !

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